DOGMA


Michel Paty
Equipe Rehseis (UMR 7596), CNRS et Université Paris 7- Denis Diderot[1]

 

Un nouveau regard sur la genèse et le développement de la sociologie de Comte : à propos d’un livre récent traduit du brésilien.

 

Séminaire donné dans le cadre du Groupe de Recherches Epistémologiques, Maison Auguste Comte, Paris,samedi 16 février 2008.On propose une présentation et des éléments d’analyse du livre de Lelita Benoit, Sociologie comtienne. Genèse et devenir, Traduit du portugais (Brésil) par Lygia Araujo Watanabe, préface de Marilena Chaui, L’Harmattan, Paris, 2007, 340 p.


Ce livre, traduit de l’original en langue portugaise paru au Brésil en 1999 (Sociologia Comteana : gênese e devir, Discurso Editorial, Coleção « Clássicos e comentadores », São Paulo, 1999, 428 p.), représente l'aboutissement d'une recherche de plusieurs années, rigoureuse et documentée, à partir des textes publiés mais aussi d’archives (notamment celles de la Maison Auguste Comte à Paris). Cette recherche avait été soutenue quelque temps auparavant avec succès comme thèse de doctorat au Département de Philosophie de l'Université de São Paulo (USP) en 1997. La directrice de la thèse, Marilena Chaui, professeur à l’USP, spécialiste de philosophie politique (et internationalement connue notamment pour ses travaux sur Spinoza), a préfacé le livre, dans ses deux éditions, en portugais et en français.
C'est un ouvrage riche, original, qui ouvre des perspectives neuves sur la pensée du fondateur du positivisme dont on aurait pu croire, surtout au Brésil où ses idées furent fort influentes comme on le sait (au point d’inspirer la devise du drapeau national, «Ordem e progresso», Ordre et Progrès), que le tour en avait déjà été fait. Un ouvrage qui sert déjà de référence au Brésil, et bientôt dans les pays francophones, et qui devrait atteindre une audience plus large encore et marquer désormais les études comtiennes.
L’ouvrage est aussi, ce qui n'est pas négligeable, fort agréable à lire. Les notes d'érudition, très fournies, sont données en bas de page, ce qui permet à la fois une continuité de la lecture du texte principal et son illustration par des développements soit explicatifs, soit comparatifs. La bibliographie porte sur toutes les matières concernées par la constitution de l'oeuvre de Comte, de la politique aux sciences particulières et à leur histoire.
Dans un travail antérieur soutenu comme thèse de « mestrado » (mastère), Lelita Oliveira Benoit avait abordé l'oeuvre d'Auguste Comte en suivant le fil de la raison positive qui la sous-tend et trouvé que, sous l'apparence systémique et la volonté systématique qui sont comme la marque propre du Cours de philosophie positive, du Système de politique positive, et de leur auteur lui-même, l'unité en est, en vérité, déchirée (« dilacerada ») par des contradictions[2]. Sa curiosité sans doute piquée par cette constatation, l’auteure s'est alors intéressée à la genèse et à l'évolution de l'idée centrale de la pensée de Comte qu'est la constitution d'une science sociale, la sociologie, et à en analyser les fondements épistémologiques.
La méthode d'analyse des textes mise en oeuvre par Lelita Benoit combine intelligemment le travail sur le sensdonné par le texte lui-même, selon l'analyse structurale, familière aux philosophes paulistes[3] (qui ont bénéficié desenseignements, en histoire de la philosophie, de Victor Goldschmit et de Martial Guéroult notamment, et de leursdisciples brésiliens directs), avec l'utilisation de la correspondance et de manuscrits inédits. Ceux-ci contribuentfortement, tout d'abord, à éclairer les intentions du fondateur du positivisme, du moins dans sa versioncomtienne, puisque d'autres doctrines, relativement voisines, ont fleuri sous le même vocable au xixe siècle, deStuart Mill à Ernst Mach. Ils aident également à faire connaître les influences reçues par Comte, et à resituer lecontexte intellectuel et politique, voire certaines circonstances individuelles, Il est ainsi possible de mettre le sensinterne de l'oeuvre tel que le fait ressortir l'étude structurale en rapport avec celui plus global que lui donnel'époque, selon la méthode historique.
Le livre est conçu en quatre parties, qui correspondent aux étapes de l'élaboration de la science sociale comtiennetelle que Lelita Benoit est amené à la la considérer, diagnostiquant quatre modes successifs de caractérisationd'objet et de méthode (modes que l'auteure qualifie de « paradigmes »). C'est d'abord le projet d'une économiepolitique (première période), auquel se substitue bientôt la conscience de l'importance de la dimension historique(seconde période), ensuite subordonnée à la représentation organique (et « naturelle ») dont le modèle est labiologie, science montante de l'époque (troisième période), et enfin (couronnement ou suprême transformationd'une science en idéologie ?), sa soumission à l'esprit religieux sous l'égide d'une laïque « religion de l'humanité». Cette quatrième période correspond à la partie la plus succincte du livre ; ce fut, soit dit en passant (mais ce n'était pas dans lepropos du livre de s'y attarder), celle qui eut le plus de répercussions dans le pays d'adoption privilégié de ladoctrine comtienne que fut le Brésil au XIX' siècle et durant une bonne partie du XX'.
Lelita Benoit, munie de sa méthode d’analyse, est en particulier en mesure de donner un éclairage inédit sur la genèse initiale de la pensée de Comte, en examinant les premiers textes (ceux de la période qui va de 1817 à 1826) avec autant de rigueur que ceux de la maturité. Parmi ces textes figurent notamment les articles, souvent négligés par des commentateurs aussi prestigieux que Henri Gouhier et R. Mauduit, rédigés par Comte en 1817-1819 et publiés sous la signature de Henri de Saint Simon, dont il était le secrétaire particulier, dans le troisième volume de l’éphémère revue de ce dernier, l’Industrie.
L’étude de ces textes et des suivants, jusqu’en 1826, qui occupe les quatre premiers chapitres, soit un bon tiers du livre, montre, d’une part, les germes essentiels de la pensée comtienne qui se développeront ensuite, avec l’affirmation d’entrée de la nécessité d’une science sociale (une sociologie) pourvue de critères de scientificité au même titre que les autres sciences reconnues, cette nouvelle science étant d’abord conçue sur le mode d’une économie politique. Comme l’auteur nous l’indique, le terme « sociologie » apparût à vrai dire pour la première fois dansle Cours de philosophie positive de Comte (47e Leçon, publiée en 1838 dans le second des six volumes dont la parution s‘échelonna de1832 à 1842).
Cette étude éclaire, d’autre part, par-delà les aspects personnels, la raison profonde de l’opposition bientôt marquée par Comte à son maître Saint-Simon au début tant admiré, avec qui il rompit en 1824 : le projet de Comte était d’abord intellectuel, il voulait une science pure de la société, alors que celui de Saint-Simon était d’une théorie sociale liée à une pratique sociale, pour des changements politiques immédiats. Les textes de cette période comprennent en particulier le « Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société », de 1822, qui fut l’occasion de la rupture entre Comte et Saint-Simon, ce dernier l’ayant republié sans l’avertir dans une réédition de son Catéchisme des industriels parue en 1824. La complexité des rapports de Comte àSaint-Simon, qu'il servit, qu'il admira, et qui l'insupporta, est assez bien illustrée par l'étrange attitude de Comte,qui adressa deux lettres anonymes à la direction de la revue L'Industrie, proposant une critique théorique desoptions de la revue (alors qu'il en rédigeait lui-même la plupart des articles !).
Ce qui était en jeu dès ses premières réflexions, c'était la pensée d'un nouveau système social pour cette période qui venait après la Révolution française, période marquée par l'avènement de l'industrie. Dans ce système social,que Comte appelait de ses voeux et à l'avènement duquel il voulut consacrer sa vie, la politique aurait partie liéeavec une morale, terrestre, et non plus inspirée par la religion chrétienne, dans la perspective d'une conceptionradicalement positive de la connaissance. Comte posait déjà ce qui devait être l'une des thèses-clé de son oeuvre,notamment de sa future sociologie, celle du « relativisme comme principe absolu » [4], qui marquait la prise dedistance à l'égard de l'universel des Lumières, par le rejet des « absolus » (comme, par exemple, l'égalité des droits),qu'il estimait nécessaire de tempérer et relativiser par la considération des contextes sociaux. Il considérait que,dans la société industrielle, le contrat social serait signé non par des « êtres abstraits », mais par des producteursde biens de consommation, répartis selon une division sociale qu'il caractérisait de façon à vrai dire toutintellectuelle (et non selon une analyse de l'organisation sociale comme le ferait plus tard Karl Marx).
C’est donc, dans cette première phase «pré-positiviste», autour de l’économie politique qu’il voyait la science sociale comme devant être organisée, à l'âge de la société industrielle, dans une perspective «libérale» selon laquelle ce n'est plus la forme du gouvernement qui importe, mais la question des richesses, de leur production et de leur utilisation, et la formation corrélative d'une opinion publique capable d'influencer les décisions politiques. La production serait remise à l'initiative privée, le rôle de l'état n'étant plus que celui de la favoriser, étant admis que cette production devait se faire dans une société d’ordre, où la lutte des classes serait bannie et où les révoltes seraient impossibles. Comte s'était donc tourné vers les penseurs de l'économie politique dans la perspective d'utiliser et de mettre en pratique leurs thèses tout en en faisant la critique.
Cette science sociale conçue autour de l’économie politique, demandait, pour être pourvue d’une assise véritablement scientifique, et constituée en science positive (Comte parlait alors de «physique sociale»), de réorganiser l’ensemble des connaissances selon la perspective choisie, ce qui correspondait au projet d’une nouvelle Encyclopédie comme science des connaissances et de leurs applications.
Cette nouvelle Encyclopédie, dont on peut considérer que les ouvrages monumentaux ultérieurs de Comte constituent la réalisation, moyennant des modifications de parcours, notamment quant aux référents épistémologiques, était conçue en rupture avec celle des Lumières, dont elle devrait cependant s’inspirer, ne fût-ce que pour la critiquer. Comte acceptait cependant pour une part l'héritage direct des Lumières pour ce qui est dessciences comme les mathématiques, la physique et l'astronomie dans la formulation où elles étaient parvenues àla fin du xviiie siècle, formulation désormais classique pour nous, mais qui était également déjà considérée comme telle àl'époque de Comte. Le projet comtien comportait leur pleine acceptation, tout en restant étranger à une bonnepartie de leurs progrès récents. Il retenait aussi, à la suite de la pensée des Lumières et de l'Encyclopédie ded'Alembert et Diderot, le rôle de ces sciences sur l'éducation des esprits, comme en témoigne son Cours d'astronomiepopulaire et même son édition de la Géométrie de Descartes. (Ces aspects sont peu développés dans le livre deL. Benoit).
Mais surtout l'Encyclopédie positiviste devait faire la critique des conceptions des encyclopédistes desLumières, au titre de l'examen des tentatives antérieures de réorganisation des connaissances.
Or, en étudiant (vers 1822) dans cet esprit l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain[5], ouvrage posthume (rédigé en 1793) de Condorcet, qui fut l’inventeur de l'idée d'une « mathématique sociale » et parailleurs engagé dans la Révolution française, Comte y trouva des éléments qui permettaient de dépasser lesinsuffisances de l'économie politique pour fonder la science sociale. Il y trouva notamment la dimension del'histoire, qui domina dès lors la seconde phase de ses élaborations. Les insuffisances du point de vue del'Economie lui apparurent aussi à travers sa prise de conscience de la misère de la classe ouvrière, et sa convictionde ce que la réorganisation sociale doit réaliser l'harmonie entre les inégaux, ce qui impliquait à ses yeux l'exigenced'une réforme morale et de la présence d'un « pouvoir spirituel ». L'harmonie sociale, pour laquelle l'Economie politique seule restait impuissante, requérait un projet éducatif, à l'intention des dirigeants comme des ouvriers ou prolétaires.Comte s'ouvrait ainsi à une conception de la théorie sociale attentive aux leçons de l'histoire, aussi bien pour laphilosophie que pour la politique.
La lecture de l'Esquisse de Condorcet lui donnait la dimension théorique de la nouvelle perspective qu'il commençait d'entrevoir. Il en retint avant tout l'idée d'une loi naturelle du développement de l'histoire de l'humanité, c'est-à-dire d'une science positive de la politique conçue un processus historique. La rencontre de la pensée de Condorcet fut donc d’une importance considérable pour Comte à cette étape de l’élaboration de sesidées, à tel point qu'il se proclama son fils spirituel (notamment dans le Système de politique positive).
Comte adopta la méthode de Condorcet, qu'il reprit dans ses traités, et dont il s'inspira dans sa « loi des trois états» bien connue, selon laquelle l'évolution historique de l'humanité comporte trois états successifs, religieux,métaphysique, puis positif. Cette loi est basée sur l'idée d'une histoire des sciences, dont Comte établit parailleurs la nécessité et la possibilité[6]. Cependant, malgré l'importance de cette influence, Comte se séparait demanière fondamentale de Condorcet en répudiant ses objectifs révolutionnaires. Mais, s'il était résolument (etviscéralement) opposé à l'idée d'une révolution indéfinie, il rejetait symétriquement l'idée de contre-révolution d'un Joseph de Maistre, le retour historique en arrière lui paraissant impossible. Il n'était pas question,pour lui, de refaire l'histoire, et la Révolution demeurait un fait historique dans le mouvement vers le progrès,mais il jugeait venu le temps de rétablir l'ordre et de faire l'économie de révolutions futures.
En tout état de cause, la science politique du xixe siècle devrait, selon lui, suivre le schème général de l’évolution des sciences parvenues à l’âge positif.
Ce fut ensuite, dès 1828, à la biologie que revint le rôle d'inspiratrice principale de la pensée de Comte : s'il exprima très tôt l'idée que la science sociale devait partir des facultés de l'homme individuel, cette idée ne secristallisa que lorsqu'il eut connaissance des découvertes récentes de la biologie, et notamment de la physiologiehumaine, qu'il lut notamment dans les traités de François Joseph Victor Broussais et aussi de Marie FrançoisXavier Bichat, et surtout qu'il apprit en suivant les leçons de Henri Marie Ducrotay de Blainville. Il voyaitdésormais la physique sociale comme une branche de la physiologie, et l'histoire de la civilisation comme lasuite nécessaire de l'histoire naturelle de l'homme. Cette influence décisive prise par la biologie sur la pensée deComte a été soulignée par Georges Canguilhem, parlant de la « philosophie biologique » de cet auteur. LelitaBenoit replace celle-ci dans la suite de l'évolution de ses conceptions, montrant en particulier comment Comte utilisa lathéorie cérébrale de son temps, dominée par la phrénologie de Franz Josph Gall (théorie de la localisation des fonctions cérébrales dans diverses régions du cerveau), pour fonder la réalité sociale sur le déterminisme des actes humains[7] et pourorienter le problème philosophique de l'éducation.
Par là, le social devenait naturel et ses lois étaient conçues comme aussi nécessaires que celles de la gravitationuniverselle. Comte pouvait réaffirmer, ce faisant, son « relativisme comme loi absolue », mais en le chargeantd'une connotation nouvelle, celle du caractère non absolu des lois, la science sociale étant fondée, comme lesautres sciences, sur l'observation. Et, curieusement, la devise « Ordre et progrès » pouvait se prévaloir de lapriorité épistémologique, en matière de science sociale, de la Statique sur la Dynamique, fondée sur une lecturenon pas de la Physique, comme on aurait pu le penser a priori à considérer la terminologie employée,mais de la Biologie. C'est le progrès (dynamique) dans l'ordre (statique), la Statique en Biologie étant la science qui décrit l'organisationet la spécialisation des organismes animaux supérieurs, c'est-à-dire, de fait, l'Anatomie.
La dernière phase du parcours fut, comme on l'a indiqué plus haut, la Religion (de l'Humanité), retrouvée par Comte comme l'ultime justification de son système pour fonder la Sociologie, ce système étant couronné par l'affirmation positiviste. Cette phase a partie liée avec son expérience d'éducation populaire (entreprise depuis 1830), et avec une re-évaluation (à titre seulement de modèle général, mais non quant au contenu) de l'ordre social de l'Eglise catholique au Moyen-âge. Elle a partie liée également à certains événements personnels de la vie de Comte sur lesquels Lelita Benoit n'a pas désiré s'étendre, restant fidèle, sans aucun doute avec raison, à sa méthode de lecture herméneutique des textes dans leur historicité. Nous ne saurons rien de l'influence affective-mystique de Clothide de Vaux sur la dernière orientation épistémologique prise par le maître du Positivisme[8]. Mais nous aurons suivi un fil plus rationnel, lisible selon des temporalités diverses qui l’éclairent au fur et à mesure, et qui nous aura permis de prendre tout le sens d’une pensée dans le cours même de sa constitution, dans ses méandres mais aussi dans son intention générale et sa direction d’ensemble très tôt balisée[9].



[1] Michel Paty - courriél/e-mail : michel.paty@univ-paris-diderot.fr. Sites internet :
Équipe de recherches : http://www.rehseis.cnrs.fr/ Site avec textes disponibles à télécharger : http://www.scientiaestudia.org.br/associac/paty/index.asp
Dépôt Hal-SHS : http://halshs.archives-ouvertes.fr/index.php (michel paty)
[2] Voir L. O. Benoit, A unidade (dilacerada) da razão positiva de Auguste Comte, tese de mestrado, tese de mestrado, Departamento de Filosofia, Universidade de São Paulo (USP), 1991. (Ce travail paraîtraprochainement en livre au Brésil, dans une version en partie remaniée).
[3] Paulistes : on appelle ainsi les habitants de São Paulo.
[4] L. Benoit mentionne une lettre de Comte à Valat, datant du 15 mai 1818, fort caractéristique à cet égard (voir Comte, Correspondance, vol. 1, p. 37).
[5] Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (la première édition, posthume, date de l’An III, 1795). Une édition critique très complète, comprenant de nombreux inédits, préparée sous la direction de Pierre Crépel, est parue récemment : Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.- Projets, Esquisse, Fragments et Notes (1772-1794), INED, Paris, 2004, 1317 p.
[6] Voir, sur ce point, Georges Canguilhem, Etudes d'histoire et de philosophie des sciences, Vrin, Paris, 1968 (Sé éd.,1989, p. 61 et suiv.).
[7] Cf., en particulier, la Leçon 45 du Cours de Philosophie Positive.
[8] Il la placera, comme on sait, au faîte de son système.
[9] Signalons la re-édition, voici quelque temps, du Discours sur l'ensemble du positivisme de Comte (1848), préfacée et annotée par Annie Petit, GF Flammarion, Paris, 1998. C'est dans cet ouvrage que Comte exprime une réaction violente contre la sécheresse des savants, prône l'esprit religieux et le « culte de l'Humanité », et formule un programme politique d'ordre moral pour garantir le progrès. Rappelons que cet adversaire décidé de toute révolution s'enthousiasma alors pour celle de 1848. Le positivisme portait désormais non plus seulement sur la sphère des idées, mais sur celle des sentiments et des actions, son système se proposant comme une réorganisation de l'ensemble des connaissances, de la politique, de la morale et de la religion.

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